L'Autriche : ma première grande aventure juvénile
1946, le service militaire « normal » reprend. Je suis le premier Maulois à revêtir l’uniforme en réalisant un exploit rêvé : être l’une des recrues affectées en Autriche divisée en quatre zones d’occupation : britannique, française, américaine et soviétique. A Landeck, je suis chasseur alpin au 13eme bataillon (où sert actuellement un de mes arrière-petit-fils Benjamin) sous l’autorité de héros de la Résistance.
A ce 13eme un certain lieutenant a pour nom Jacques Réaux. C’est le petit-fils de notre grand historien Emile Réaux.
Ensuite, c’est Innsbruck, à la 42eme compagnie du Quartier Général. Au cours de ces 17 mois, j’oscille entre le pire et le meilleur. Le pire ? Quatre semaines à Wörgl dans une terrible compagnie muletière disciplinaire. Le meilleur ? Un brillant stage à la célèbre école des cadres de Langenargen institution de « Rhin et Danube » située sur les rives allemandes du lac de Constance.
Pendant mon service, j’ai le très grand honneur, la chance et le plaisir de croiser, rencontrer des personnages illustres : le maréchal de Lattre de Tassigny, le général Béthouard - notre chef – à qui j’entends parler le maréchal soviétique Koniev de Balzac en français, le président de la République Autrichienne Herr Karl Renner, Henri Salvador, Ray Ventura, Guy Paquinet, Marika Rökk, le capitaine Lebihan qui participa aux jeux olympiques de 1924 comme relayeur au 4X400 mètres en course à pied, Jean Borotra le grand joueur de tennis, des chansonniers du Caveau de la République etc.
Lors de mon séjour militaire à Vienne en février 1947, le thermomètre plonge jusqu'à -15° sous abri. La caserne se dressant dans les faubourgs en limite d'une plaine balayée par un vent vif, le froid en était plus rigoureux.
La Radetzkikaserne est maintenant utilisée pour la formation des sous-officiers de l'armée autrichienne. Son nom vient du maréchal comte Josef Radetzki Von Radetz né en 1766 à Trébénice et décédé a Milan en1858. Il réprime cuellement les manifestations ouvrières viennoises, écrase la révolution italienne en 1848, bat les Piémontais à Custoza en 1848 et à Novare l'année suivante.
Le patronyme du vieux reitre est connu essentiellement grâce àl a Marche composée par Johann Stausz père, oeuvre jouissant en Autriche d'une fantastique popularité.
A la caserne, quasi quotidiennement, des anciens SS viennent s'engager dans la Légion Etrangère dont ils constitueront 80% des effectifs. Sous les plis de notre drapeau tricolore, ces tueurs avérés vont exercer leur "art" en Indchine.
Comment oublier l’Autriche ? L’Autriche, son paradisiaque Tirol (orthographe locale) sa mythique capitale « Wien,du stadt meiner trämer »
Dans ces cadres splendides, je rencontre de nombreux nazis fiers de l’être encore, et découvre les horribles camps de l a mort encore palpitants, à proximité de villes détruites par les bombardements terroristes anglo-américains.
Depuis, je suis retourné à trois reprises dans ce magnifique pays que je ressens comme ma seconde patrie.
En août 1952, en vacances avec un camarade de Maule, Jacky Andry.
En juillet 1975, avec ma seconde femme Claudine.
En avril 2001, invité par l'armée autrichienne dans la vielle ville de Feldkirch au bord du lac de Constance..
Après l’Autriche je découvre d’autres horizons et des rivages que je ne connaissais pas : Bavière, Suisse, Roumanie, Bulgarie, Turquie, Italie du Nord, Moscou, Ecosse… Sans oublier des régions de notre France à de très fortes traditions : Bretagne, Pays Basque, pays Cathare, etc.
Tout ceci et cela m’emplissent de souvenirs étincelants comme des constellations.